Quand nous étions enfants, mon frère Jérôme et moi aidions souvent notre père à la cuverie. Mais pourtant pendant des années, je lui ai dit que je ne reviendrais pas sur l’exploitation. Je voulais voyager, faire quelque chose par moi-même. L’herbe est, tout le monde le sait, bien plus verte dans le jardin du voisin.
En 1999, j’obtiens mon diplôme d’ingénieur en Emballage et Conditionnement et je déménage à Sheffield en tant que jeune fille au pair jusqu’à ce que je trouve un travail dans ma branche chez Van den Bergh Foods (Unilever) à Crawley.
Je rentre ensuite en France et travaille pour Masterfoods (Mars) en tant qu’ingénieur emballage puis en tant qu’acheteur. Il ne m’a fallu que 5 ans après mon diplôme pour me rendre compte que ma vie était en Champagne !
Et en 2006, nous étions de retour en Champagne en famille.

Mais avant, en 2004-2005, j’ai suivi un BPREA viticulture-oenologie aux CFPPA d’Obernai notamment sous l’enseignement de Jean Schätzel.
J’y ai appris beaucoup de choses en viticulture, qui me sont encore très utiles aujourd’hui. Et on m’a expliqué aussi beaucoup de choses en oenologie que je me suis empressée d’oublier. Les méthodes de vinification telles qu’on les apprend à l’école aujourd’hui n’ont pas vraiment évolué depuis que mon père a commencé à faire du Champagne dans les années 70 : de l’oenologie technologique et sans risque.

J’admire la décision précoce de mon père de ne pas filtrer ou coller les vins. C’était à la fois visionnaire et courageux de la part du fils du charbonnier de faire des champagnes de caractère et de ne pas appliquer des méthodes de vinification plus faciles.
Je suis satisfaite de mon parcours, je ne regrette rien. J’aurais pu devenir viticultrice il y 15 ans, mais je n’aurais pas fait toutes les rencontres que j’ai faites, je n’aurais pas vécu en Angleterre ou travaillé pour deux des plus grosses entreprises agro-alimentaires mondiales.
Et je suis heureuse de faire ce je fais aujourd’hui : j’aime faire du Champagne, en boire et en parler !